Haïwépa, troll de geek

Ca moulinait grave dans la caboche de Zal’kohm. Le petit chasseur des ombres avide de pouvoir voulait devenir Prophète à la place du Prophète, et d’après lui, le moment était venu. Si il était convaincu d’avoir le soutien d’Hakkar, il savait aussi qu’il lui faudrait rallier à sa cause quelques bras vaillants pour assurer ses arrières. Il entreprit donc de passer en revue les trolls de sa génération afin de trier le bon grain de l’ivraie… et force était de constater qu’il y avait une bonne proportion de mauvaises herbes chez les jeunes atal’aï.

Alors qu’il sortait du temple pour aller prendre l’air et se remettre les idées en place suite à une discussion sans queue ni tête avec une poignée de ses congénères attardés, il croisa Haïwépa qui rentrait. Ce dernier le salua en passant près de lui. Chez les trolls en général, et chez les Atal’aï en particulier, les trollions doivent rapidement trouver leur voie entre vaudou, religion et arts de la guerre, pas vraiment pour devenir utile à la tribu, mais plutôt pour pouvoir se défendre et éviter de finir dans la casserole. Haïwépa, lui, n’avait jamais trouvé sa voie : grand et maigre, malhabile avec un arc, empoté avec une épée, incapable de retenir une incantation de base, incompétent à dresser un raptor, pas même foutu de préparer un mojo potable pour assaisonner un bout de graillon !

Il vivait donc un peu en marge de la tribu, passant le plus clair de son temps à l’extérieur du temple et dormant dans une aile abandonnée avec pour seule compagnie les courants d’air. Zal’kohm avait plus ou moins oublié son existence. Probable que c’est cette extrême discrétion qui lui avait permis de survivre jusqu’à un âge aussi avancé en étant aussi incapable. Toujours est-il que ce naze venait de lui passer à côté et le chasseur des ombres se dit que même bon à rien, il pouvait quand même servir de bouclier ou de diversion. Après tout, Hakkar avait maintenu ce parasite en vie jusqu’à aujourd’hui, c’était peut-être pour lui offrir une mort honorable… ou au moins une mort utile à son futur Prophète!

Zal’kohm interpella donc le grand troll maigrichon avant qu'il ne disparaisse dans sa planque et lui proposa de discuter un peu pour prendre des nouvelles. Haïwépa ne parut pas plus surpris que ça qu’on s’intéresse à lui et invita son congénère à le suivre jusqu’à sa piaule. Alors qu’il le suivait dans les couloirs du temple, le chasseur des ombres détaillait l’accoutrement étrange de son guide. Haïwépa était bardé de pièces métalliques et d’équipements de provenance diverses, une sorte de patchwork d’armure. Il se demanda comment il avait pu se confectionner un tel accoutrement. Mais le plus étrange, c’est qu’il portait un fusil en bandoulière, savait-il seulement s’en servir ? Après quelques couloirs et escaliers, ils arrivèrent dans une pièce exigüe, emplie d’un foutoir sans nom du sol au plafond. A peine arrivé, Haïwepa vida quelques objets mécaniques de ses poches et commença a les triturer dans tous les sens, sans se préoccuper de celui qui l’avait suivi jusque là.

« Non mais tu fais quoi là! » s'exclama le petit troll roux qui n’avait trop l’habitude de faire partie du décor.
«  Je communie avec Tek’no et Mek’a » lui répondit tranquillement Haïwépa qui s’affairait de plus belle.
«  C’est qui ça, Teknoéméca? »
«  Tek’no ET Mek’a. Ce sont mes loas à moi, ceux qui m’aident à devenir puissant »

Zal’kohm, qui sentait qu’il allait encore s’embourber dans une conversation vide de sens, prit une profonde inspiration et regarda tout autour de lui. La pièce était pleine à craquer d’outils, d’armes et de gadgets qu’il identifiait d’origine gobeline, aussi étonnant que ça puisse paraître.

«  Tu peux m’expliquer ce que c’est que tout ce bazar ? »
«  C’est mes bidules mec ! »
«  C’est toi qui a fabriqué tout ça? » risqua le chasseur des ombres.

Haïwépa se redressa et se fendit d’un grand éclat de rire. Zal’kohm sentit une irrépressible envie de laisser tomber un de ses totems, mais la curiosité lui permit de se contenir en attendant une réponse.

«  T’es pas fou toi ! Bien sur que non, je fabrique pas les bidules. Je les prends sur les gobe-merdes! Logique, non? Un gob', c’est la surprise à chaque fois mec : un nouveau bidule et le bon goût de la chair verte encore fraîche. Et les bidules, c’est Tek’no et Mek’a qui m’aident à en tirer le mojo. Même que des fois, ça prend vachement de temps, faut tripatouiller le bidule pendant des jours avant d’avoir la comprenance de son mojo. »
«  Tu veux dire que tu passes tes journées à boulotter du gob’ et à trafiquer avec leur matos ? »

Zal’kohm s’y attendait pas à celle là. Il pensait discuter avec un troll mou du bulbe et le voilà qui se retrouve devant un troll expert en ingénierie gobeline, si tenté qu’on puisse appeler ça comme ça. Sous le coup de la surprise, il s’affaissa et recula de quelque pas avant de marcher sur quelque chose de mou qui crépita d’un éclair bleuté.

«  Hey ! C’est quoi ça? »
«  Ca ? C’est Tazzer. » répondit Haïwépa, laconique.

Zal’kohm s’était retourné et faisait face à un jeune loup, crocs retroussés et parcouru de spasmes électriques. Voyant que le chasseur des ombres était prêt à dégainer un de ses totems, Haïwépa s’empressa de fournir un complément d’information.

« J’l’ai volé chez les orcs qd c’était rien qu'un louv’teau. J’ai essayé de le dresser avec un bidule à impulsion électrique, mais il l’a avalé. Depuis, il est un peu aigri, mais il me suit presque partout et m’aide bien à la chasse. Avant, fallait que je piège les gob-merdes un par un, maintenant, je peux les dézinguer cinq par cinq au moins. »

Haïwépa bombait le torse fièrement alors qu’il venait de débiter ses actes de bravoure. Zal’kohm avait l’impression d’être passé dans le néant distordu tellement la conversation lui semblait surréaliste. Mais à défaut de bien entraver ce qu’on venait de lui raconter, il se reprit en se disant que le bouffeur de gob' pourrait s'avérer plus utile qu’il ne l’avait imaginé à la base. Il était au moins aussi perché que tous les autres romanos sur lesquels il comptait déjà, mais le peu de matière grise qu’il utilisait semblait affairée à faire du dégât. Il fallait en avoir le coeur net.

«  Et tu peux me montrer ce que tu sais faire avec tes bidules ? »
«  Trop sur mec ! » répondit Haïwépa d’un ton enjoué.

Le grand troll s’exécuta, prit son fusil et mit en joue un coin de la salle. Feu !  Une grosse détonation dans le fond et un tas de bouts de ferraille projetés dans toutes les directions.

« Mais t’es con ou quoi ? Tu veux nous zigouiller ? » hurla Zal’kohm, criblé d’éclats de métal.
« Tu peux pas test mec ! Tu voulais voir ce qu’Haïwépa y sait faire ? Bah maintenant, t’as vu ! Le bidule à canon, c’est pratique pour viser des trucs. Alors si tu vises un bidule qui a un mojo bien explosif par exemple, bah tu vois, ça multiplie les mojos… ou ça les additionne, je sais pas trop… Enfin, ce qui compte, c’est que Tek’no et Mek’a, ils sont grave contents de moi. »

Le futur Prophète en avait assez vu. Ce gars était moins con que la moyenne des types du gang, vu qu’aucun d’eux ne saurait utiliser un explosif à part pour le snifer, mais il était largement plus timbré que tous réunis avec ses loas imaginaires ! Zal’kohm pris quand même le parti de lui proposer de se joindre à une réunion d’information sur l’avenir de la tribu. Il insista sur le fait qu’il était essentiel qu’Haïwépa y participe pour apporter son expertise en « bidules », histoire de le flatter un peu.

A sa grande surprise, plutôt que de répondre, cette grande filoche de troll bouffeur de gob’ se mit à fouiller dans son bric à brac. Après quelques instants, il finit par en sortir une boule métallique qui semblait assez lourde.

« Ca mec, c’est la boule philosique… philosophallique… enfin bref, c’est la boule avec laquelle Tek’no et Mek’a, ils communiquent avec moi. » expliqua-t-il en agitant la dite boule.

Zal’kohm avait l’impression que son cerveau se transformait petit à petit en bouillie putride tellement la situation lui paraissait improbable. Ce que racontait le type en face de lui semblait d’une débilité si profonde que ça lui faisait mal au crâne.

« Et bah t’es chanceux mec ! -  finit par sortir le barjo en fixant sa boule qui affichait un symbole inconnu pour le chasseur des ombres - Les loas, ils m’ont parlé et je viendrai à ta réunion. Je fais toujours ce que disent mes loas parce qu’ils se sont toujours bien occupé de moi. »
« Bonne n’velle. » réussit à baver Zal’kohm avant de s’éloigner en chancelant, un peu abruti par tout ce qui venait de lui arriver.

Derrière lui, Haïwépa avait repris son triturage, le loup couché à ses pieds, le corps encore parcouru d’arcs électriques qui le faisaient sursauter.

C’est ainsi qu’Haïwépa accepta de suivre le gang de Zal’kohm dans sa tentative ratée de putsch au temple d’Atal’Hakkar. La suite, vous la connaissez

HRP
Vu que j'ai transféré mon chasseur troll sur le CdlRN, j'en ai profité pour terminer son background, histoire qu'il puisse postuler chez les Atal'aï.
J'ai pris la liberté d'utiliser le point de vue du chef pour présenter Haïwépa, j'espère ne pas avoir fait trop d'incohérences avec son personnage et l'histoire "officielle".

ha ouais quand même!

Pas de doute, c'est un vrai Atal'aï ce mec!

Suldr'in, Atala'ï ébahie.

Ca correspond, me concernant, et c'est fun. Faudra le guilder.

Récit vachement sympa! Tout colle comme ça doit bien coller. Bienvenue à ton chasseur

Bon, après toute une série de manip' peu concluantes, tu devrais avoir accès et droits de modération sur toutes les sections où tu étais censés les avoir, sans avoir perdu le joli vert de ton nom.

Haïwépa, il a pris un peu sur son temps libre pour bosser pour Wibax. C'est par ici pour ceux que ça intéressent

J'ai vu ça. Pas encore été lire, mais je ne vais pas y manquer. J'aime bien les aventures d'Haikki ou Haiwé.

Epiquement Atal'aï cette mission!!! Mention spéciale au "trône où gilles déjeune"!!!!! ça m'a fait hurler de rire.

Alors que je chassais le gnome à Ombrelune, suis tombé sur un coin grave flippant, avec pleins de fantômes et d'orcs chelou.



J'avais pas envie de m'attarder, mais Tazzer a coursé un lapin et s'est retrouvé au milieu du campement des gros beiges. Il les a dézingué sans soucis, mais trop sûr qu'ils lui ont jeté une malédiction, il est tout violet maintenant... et il a pas l'air moins aigri qu'avant!

Je savais que tu finirais par succomber à la tentation. Il a vraiment une trop bonne bouille, ce canaillou.

... Non mais attends la suite, je vais pas en rester là